La villa Ker Souveraine, bijou art déco de Pornichet a retrouvé son lustre. Réaménagée, elle préserve son caractère, ses faux marbres et ses sirènes.
Hormis les peintures fraîches, rien ne semble avoir bougé. Pourtant, cette villa emblématique de la baie de La Baule des années 1930, est aujourd'hui restaurée de fond en comble. « Presque » à l'identique. Son classement à l'inventaire des monuments historiques lui a permis de sauver sa peau, in extremis. À défaut d'être rasé pour céder sa place à un immeuble, ou d'être transformé, ce trésor néoclassique d'influence art déco est aujourd'hui réhabilité et entame une seconde vie.
Faux marbre réalisé à la plume
« La rénovation s'est effectuée conformément aux exigences des architectes des Bâtiments de France », précise le responsable des travaux. Durant les dix-huit mois de restauration, Xavier Barlier s'est déplacé chaque semaine pour vérifier l'avancement du chantier. « Pour retrouver l'esprit initial, il a fallu remettre à jour certains faux marbres recouverts d'enduits. Ils ont été réalisés à la plume par une artiste locale, à l'identique, et dans les teintes d'origine grâce à des documents d'époque. »
Cinq grandes pièces ont fait l'objet d'une attention particulière. C'est le cas du salon Louis XVI, aux murs tapissés de soie, ou du surprenant salon chinois aux laques chatoyantes. « Nous avons retrouvé la même texture de soie provenant probablement du fabricant de l'époque. Les sols en stucs, à base d'argile, ne se font plus. Il a fallu les reconstituer. »
Sous la maîtrise de l'architecte bordelais Jean-Philippe Phuc, le responsable des travaux s'est heurté à quelques difficultés pour mettre aux normes de sécurité et de confort cette bâtisse, tout en lui conservant son esprit art déco. « Il a fallu camoufler les installations électriques dans des placards, la plomberie et les volets roulants sous des cloisons. Heureusement, le bâtiment était truffé de petits espaces sans valeur architecturale, donc aménageables. »
L'ancien local technique en rez-de-jardin a échappé au classement. Il servait de cave, de garage, et accueillait également l'appartement du gardien. Cet espace est aujourd'hui redistribué en de multiples chambres avec salles de bain. Les deux étages sont reliés par un monumental escalier en marbre, habillé de ferronneries d'art. Les salons avec vue sur mer ont gardé leurs vitraux, moulures et fers forgés d'époque. Ils sont partagés en quatre appartements de grand luxe, de 75 m2 et 185 m2.
Les entreprises locales ont apporté leur grain de sel dans de nombreux domaines. C'est le cas notamment pour les boiseries d'habillage des cuisines et salles de bain, réalisées par une entreprise pornichétine. « À partir de quelques éléments intacts nous avons essayé de recréer une harmonie, explique le responsable. Un travail contraignant mais une aventure beaucoup plus intéressante et enrichissante que la fabrication du neuf.
